Film - Dune

Je n’oserai parler de l’œuvre originale que je n’ai pas lu, mais qui m’attire grandement après avoir vu les deux premières adaptations cinématographiques de Denis Villeneuve. Les récits de science-fiction initiatique m’attirent toujours, surtout lorsque la réalisation est bien faite. La dimension humaine, la profondeur des personnages et le questionnement intérieur sont des critères primordiaux pour qu’un film m’intéresse. J'attends de ce genre de film qu’il laisse des possibilités de prise de conscience et d'insight, nous plongeant au cœur du film et de ce que le réalisateur, ainsi que l’auteur du livre, souhaite transmettre.

Le sens profond de la quête de l’empire

Comme dans toutes les histoires de sciences fictions pourquoi les personnages se lancent en quête dans l’espace, dans e vide intersidéral ? Ici c’est pour récupérer l’épice, pour son pouvoir, sa valeur et le commerce que l’on en fait. Une épice si puissante, qui peut avoir des effets hallucinogènes, qui éveille l’esprit et surtout qui permet aux conquérants de l’espace de trouver le chemin dans ce vide spatial. Une bien maigre réponse à mon sens. L’esprit humain est si étriqué dans sa petitesse que juste pour flatter son égo il est capable de conquérir Mars ou n’importe quelle planète du système solaire ou ailleurs. Ne parlons même pas de la Terre.

Et pourtant j’ai foi en cet aspect de la vie, qui offre au genre humain une place principale dans l’avenir du monde et dans la réalité qu’il peut créer. En clair je ne pense pas que ce ne soit que de l’égo.

Chaque personnage de ce film aspire à de la confiance, de la sympathie, de l’empathie. Même Glossu Rabban aspire de la sympathie quand il se trouve face au Baron encore plus cruel que lui. Même Le baron, chef des harkoneen aspire à de la sympathie quand on arrive à voir son attachement inconditionnel à ce système établi qui l’emprisonne dans cette motivation aveugle de posséder Arakis et toutes ses richesses. Un personnage si charismatique mais si faible devant ses travers. Sa posture nous le montre dans une obésité morbide, il vit une triste vie assistée par tous ces artifices qui le maintiennent en vie t le confère des pouvoirs à la hauteur de son charisme.

Qu’est-ce qui donne alors tant de sens à toutes ces quêtes sur Arakis, dans le désert et dans l’espace ? Les peuples ont semble-t- il renoncé à l’intelligence artificielle. Mais ce n’est pas pour autant qu’il y a plus d’humanité dans leur comportement.

Quelle est la place des « Bene Gesserite » dans cette histoire alors ? Je pense que leur place est primordiale. Un système dans le système ! Elles ont leurs propres règles. Est-ce elles qui donnent les règles ? Est-ce elles qui font la pluie et le beau temps, qui maîtrise l’esprit de tous les peuples ? Si c’est le cas, elles sont aussi sujettes et esclaves de leurs propres théories et espoirs.

Peut-être que le but de cette histoire n’est autre que de parler des histoires des personnages sans se questionner sur la volonté profonde de l’être humain de conquérir. C’est peut-être inscrit dans nos gênes, dêtre humain. Dès qu’on pose le pied quelque part, même si c’est nulle part, il a cette ambition collective de regarder plus loin. Peut-être pour ne pas avoir à regarder au fond de nous même.

Toutes les traditions nous disent, tout ce que l’on va chercher au loin c’est au fond de soi qu’on va le trouver. « Le plus grand voyageur ce n’est pas celui qui a fait 100 fois le tour de la terre, mais celui qui a fait une fois le tour de lui-même. »

La figure du Messie 

Depuis ses premières visions dans le premier film, on sait ce qui va se passer dans les prochains volets pour Paul Atréïde. Ce qui est donc intéressant ce n’est pas le résultat mais bien le chemin qu’il va suivre.La violence n’est jamais dans les actes, mais dans manière dont on les reçoit. Ce personnage qui porte le fardeau de l’étiquette d’élu, ne vit rien de facile dans le film. La vie d’un élu est une vie difficile. Mort de son père et de son peuple, renoncement à son amour qu’il a tant rêver, devenir l’empereur en tout qu’à c’est ce qui est présumé, tuer des adversaires alors qu’il est pour la paix. Ce personnage cultive la dualité à chaque instant. Il incarne donc une figure messianique assez atypique.

Acclamé par certains et  rejeter par d’autres, il  détient le pouvoir de voir l’avenir.

S’il est « Kwisatz Haderach » ou le Lisan Al-Gaib, si toutes ses visions se réalisent. N’a-t-il pas déjà vu toutes les possibilités ? La solution  de perpétuer le système établis, de diriger les peuples n’est-elle pas la seule solution ? En tout cas la moins pire.

Tous les peuples peuvent se prosterner devant un élu, un chef ou une figure charismatique, mais aucun peuple ne se prosternera devant les miracles de la nature, la capacité incroyable développer par les habitants du désert, les fremens. Les miracles sont dans les choses simples, dans les petites choses. Il l’a entendu de la bouche de son père, Paul le sait, « des grands pouvoir entraine de grande responsabilité. »

On attendra le 3ème volet pour découvrir le destin de Paul et voir si ses prédictions se sont réalisées. Le récit de ce film est si peu important face à la profondeur des personnages, à leur questionnement.

Plus de 10 000 ans après notre ère, une technologie avancée, des pouvoirs de l’esprit si puissant, et pourtant, des humains avec les mêmes violences et les même travers, les mêmes conditionnements. Notre seul avenir est-il la prison qui enferme notre esprit depuis que l'homme est l'homme ?

La question que pose le film, est-ce que le libre arbitre existe ? Avons nous réellement le choix de faire autrement et la possibilité de transcender toutes nos limites.

Elu ou pas nous sommes humains et soumis aux mêmes lois que tous les êtres vivants, on vit et on meurt. Et surtout on s’attache aux choses. En tant qu’être humain on croit que ce que l’on pense est vrai. Tant que nous seront dans cette conception de la réalité rien ne changera, les mêmes guerres, les mêmes souffrances.

Quoi dire de plus sur une telle œuvre ? Allez voir ce film et partagez vos impressions. Dune offre bien plus qu'un simple divertissement : il nous pousse à questionner notre propre nature et notre place dans l'univers.