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Alexandre Jollien - Petit Traité de l'abandon

Petit dans le format, mais ce traité est bien plus grand que l'on peut penser.

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Alexandre Jollien nous écrit ce petit traité comme il le qualifie, pour nous ouvrir les yeux sur des évidences de la vie. Tout ce que nous devons savoir nous l’avons déjà en nous. C’est pour cela que je ne vais pas vous faire un résumé du livre, mais vous partager quelques lignes qui m’ont bouleversé dans ma lecture.


Ce livre est simple, lucide et clairvoyant. Tellement il l’est, il est dans une justesse de tonalité avec la vie et il ne demande qu’à être lu. Si vous voulez être touché par la sensibilité de cet être si profond qu’est Alexandre Jollien vous savez quoi faire.


Voici le texte que je vous partage, extrait de ce livre.

Il m’a dit « Toi, tu es comme Dieu. On vous prend presque toujours pour quelqu’un d’autre, sauf ceux qui vous aime vraiment. »

Est-ce que j’ai la foi ? Certaines nuits, je me suis réveillé en songeant que l’univers est vaste et que dans quelques années, je ne serai plus là. J’ai des angoisses et cet univers me paraît dépourvu de sens. Certains matins, je me lève avec confiance absolue en mon cœur et je suis sûr que Dieu, qui n’est pas Dieu c’est pourquoi je l’appelle Dieu, existe et qu’il est infiniment bienveillant.

Est-ce que j’ai la foi ? La réponse est donc oui et non. Certains jours, je me lève croyant pour me coucher athé. Pourtant, lorsque je médite en profondeur, la réponse est oui. Au niveau du cœur, j’y crois totalement ; mais rationnellement, c’est plus compliqué. Quand j’ai réalisé ce contraste entre le cœur et l’esprit, j’ai éprouvé une joie infinie parce que j’y ai trouvé une fois de plus une invitation à descendre au fond du fond. Comme en pleine mer : à la surface il y a mille vagues, mais au fond du fond, c’est calme, immensément calme et bienveillant. Plein de joie, j’ai réalisé que je devais tendre l’oreille à mon cœur qui, lui, est déjà en paix. Le cœur, d’ailleurs, ne dit jamais non. J’ai constaté que le cœur accepte la réalité, le handicap, la souffrance, les quolibets, les regards. C’est l’esprit qui m’en éloigne. C’est le mental, c’est la psychologie à deux sous que je me suis fabriqué.

Un jour, dans un monastère, je faisais part à un moine de mes doutes et de ma foi, qui n’est pas une foi c’est pourquoi je l’appelle foi. Il m’a dit « Toi, tu es comme Dieu. On vous prend presque toujours pour quelqu’un d’autre, sauf ceux qui vous aime vraiment. » Et il m’a convié à pratiquer cet exercice. Il m’a donné une croix et m’a invité à l’envoyer contre le mur et à faire tout ce que j’avais envie de faire avec elle. Tout de suite, je lui ai répondu : « mon père, je ne peux pas faire ce que tu me dis, c’est un blasphème, je ne peux pas insulter comme ça la religion. » Et il m’a dit : « ce que tu prends pour ta religion c’est une idole. » Alors j’ai fait l’exercice de la croix. Je l’ai jetée contre le mur. Je l’ai triturée et me suis aperçu que plus je faisais cela, plus mon amour de Dieu était sans peur. Quand j’ai raconté cela à ma femme, elle m’a dit : « on pourrait pratiquer cet exercice avec tous ceux que l’on aime. » Mais ce serait plus difficile de jeter sa femme contre le mur ! Cela dit, il y a quelque chose d’éminemment profond. Tant que j’aime une image de Dieu ou une image de ma femme, je ne l’aime pas pour elle-même. Tant que j’aime l’image parfaite, impeccable de mes enfants, je ne les aime pas pour ce qu’ils sont.


Alexandre Jollien


Observons le mécanisme de notre pensée

Dans ce passage, il nous parle de foi. J’aime comment il nous invite à requestionner la manière dont on nomme les choses. Puisque dans le schéma de notre pensée les mots ont acquis un sens, une lourdeur, une souffrance, une histoire. Comment peut-on parler réellement de foi si on ne se libère pas de son histoire, de ses guerres internes et externes. Ne la nommons pas « foi », parce qu’elle n’est pas l’image qu’on a d’elle depuis des siècles. Elle est plutôt ce qu’il décrit ce qu’il ressent au fond de son cœur.


Chaque jour on se réveille neuf de la veille, ou l’on devrait. Si tel était le cas, je ne pense pas que l’on s’éloignerait de la foi comme il nous le décrit pour lui. Conditionnés dans ce fonctionnement, nous sommes emprisonnés à aller chercher chaque jour au fond de notre cœur l’amour et le sens vital des choses pour comprendre la réalité de la vie. Pourquoi acceptons-nous cela ? Pourquoi acceptons nous d’être dominé par notre mental, notre pensée à un point tel où nous voulons oublier nos angoisses, nos peurs, pour trouver ainsi des stratégies religieuses, politiques, violentes pour nous et notre environnement. Vous n’en êtes pas convaincu ? Je vous invite à vous questionner sur tout ce que l’on fait pour éviter, fuir, oublier tout ce qui ne nous plait pas, pour trouver un semblant de sécurité…


Gardons un seul aspect qu’il développe dans ce livre, l’exercice de la croix. Qu’est-ce que l’on envoie contre le mur, la croix ou notre foi ? nos croyances ou l’amour divin ? L’objet de notre souffrance ou notre liberté universelle ?


Il est évident que la croix n’est pas l’amour que l’on porte pour Dieu. Alors pourquoi continuons-nous à vivre dans ce conflit perpétuel. Est-ce si sécurisant de s’opposer aux autres religions en affirmant que nos codes sont les bons et pas les leurs ?


Observez l’analogie qu’il fait concernant sa famille. Si la croix n’est pas ma foi, alors comment l’idée ou l’image que j’ai de mes proches, de ma femme, de mes enfants peut être juste une seconde, mes proches, ma femme ou mes enfants. Est-ce si confortable de vivre dans l’idée que je me fais de mon environnement ? Je suis né pour faire l’expérience de la vie, mais depuis le début je fais l’expérience de la pensée. Peut-on remettre en question le dogme de la pensée ?


Être présent à la vie et aux personnes que j’aime et je chéris demande un peu plus d’attention que de penser à eux ou de s’inquiéter pour eux. Alors seulement je pourrai parler d’amour, je pourrai sentir l’amour. Et l’angoisse et la peur de la vie se dissoudront.

Ce questionnement vous devez vous le poser, si vous recherchez l’authenticité et la vérité. La réponse que vous trouverez sera peut-être différente, mais il est impossible de passer à côté de cette question.

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